1 Novembre 2009
En France, depuis qu’un certain Eric Cantona a voulu faire rimer sardine et ballon rond , les frontières entre football et art sont fort nombreuses. Le plumitif se découvre poète et versifie sur une reprise de volée de Lionel Messi ou du footballeur du coin… ou compose des odes à Zidane. Parfois certains joueurs se prennent pour
Gauguin ou Van Gogh et c’est parfois de très mauvais goût.
Le football dans notre société est le spectacle le plus populaire, celui dont on disserte le plus, un
peu trop ailleurs, le nouvel opium du peuple et un peu nos jeux du cirque si chers aux Romains.
D’ailleurs dans cet univers parfois glauque,, l’arrivée d’un nouveau Spartacus qui vienne nettoyer ce qui ressemble parfois aux écuries d’Augias est
toujours attendue.
Pourtant ce sport codifié par les Anglais est régenté
surtout par l’ordre et les règlements pour faire oublier
la soule française ou le calcio florentin plus anarchiques et où tous les coups étaient permis. Un peu des "Roller-ball" version Renaissance.
Ce
samedi au stade Laurent-Gérin, le collectif d’artistes et vidéastes lyonnais Pied la Biche ont relevé le défi d’organiser le premier tournoi de « football à trois côtés
» dans le cadre du projet Veduta de la Biennale d’art contemporain.
Sur un terrain hexagonal et suivant des règles élaborées par le peintre danois Asger Jorn, diverses équipes de la région ont voulu joué le jeu de la déconstruction de la confrontation bipolaire (sic !) . Sur le terrain, trois cages, trois équipes, des stratégies
diverses Et bien sûr la volonté des organisateurs de s’attaquer à l’une des pratiques les plus en vue
dans notre société contemporaine. "Il s’agit de se défaire des pratiques d’aliénation en mettant en œuvre la possibilité d’un jeu
pur." affirment les organisateurs dans une espèce de discours « spartakiste ».
En fait, un spectacle en forme de « performance » et une joyeuse
partie de rigolade pour le sportif, acteur d’une déclinaison, artistique puis conquis.
Certains dirigeants présents parmi un public des plus clairsemés échafaudent déjà le principe de récupération. Il est vrai que dans l'art
contemporain, c'est presque un principe fondaùental. Etrange, vous avez dit étrange ! Pourtant dans cet illogisme recherché, la logique a primé et c’est l’AS Minguettes et ses joueurs d’Excellence de district, équipe la mieux classée sur les tablettes de la
FFF qui emporte le premier tournoi organisé sans doute au monde et une coquette somme pour une après-midi conviviale. Asger Jorn n’avait pas sans doute prévu pareille fin.
Les photos :