26 Août 2010
«C’était un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ! » comme dit Aznavour dans la chanson " La bohême".
Bien au fond de la salle de musculation du gymnase Jean-Guimier se trouve un tableau oublié où est inscrit le nom de Jean-Paul Fouletier. En dessous se trouvent de petites cases vides , endroits ou devaient figurer les performances de l'interessé.
Fouletier ? Quelques jeunes fréquentant l'endroit ignorent tout du personnage, tout comme les archives municipales. Aucune trace
de ce sportif.
Fouletier, Fouletier vous avez dit Fouletier....Retour sur le passé !
C'était l'époque du noir et blanc à la télé, du sport passé sous la tutelle de l’Etat et du Général De Gaulle après les JO catastrophiques de Rome en 1960
Jean-Paul FOULETIER,1m75, 108 kg soulevait des tonnes de fonte. Cet haltérophile français né en 1939 à Douala (Cameroun) de père français et de mère camerounaise fut dans les années 1960 appelé « l’homme le plus fort de France ».
La présence du tableau prouve que Jean-Paul a fréquenté l'endroit et vecu une partie de sa carrière sur la commune.
Sa vie d’ailleurs s’est articulée autour d’un axe Aix-en-Provence, Lyon, Vénissieux, Villeurbanne puis Paris.
Comme le patineur Alain Calmat qui est de la même génération que lui, il est un exemple de réussite sociale.
Sélectionné en équipe de France pour les JO de Mexico et de Munich, il a été détenteur de nombreux records de France aux trois mouvements en cours à l’époque.
Etudiant en médecine à Lyon dans les années 60, il est rentré ensuite dans le service du Professeur Trillat (spécialiste mondial
du genou, disparu depuis) à Lyon aux Hospices Civils de Lyon et notamment à l’Hôpital Edouard Herriot. Il deviendra ensuite médecin sportif à l’Institut National du sport à Paris qui
deviendra ensuite l’INSEP.
« Pour concilier études et sport, j’étais organisé. Il est vrai à mon époque c’était possible encore possible. « soulignait-il dans un célèbre documentaire diffusé à la
télévision en 1967- Reportage : L’homme le plus fort de France d’Arlen Papazian pour l’émission « les Coulisses de l’exploit » - archives INA -
Si l’haltérophilie est reconnue comme étant une discipline sportive développant des qualités de résistance, un des points forts de Jean Paul Fouletier était la détermination. Des valeurs partagés par une génération d’athlètes dont Pierre Fulla célèbre commentateur sportif télé rendu célèbre par Les Guignols de l’Info avec sa légendaire phrase « Ici….Nagano) ou bien Roger Levecq.
C'était un temps où la discipline n'avait pas encore subi les foudres du Ministère des Sports qui en 1998 lui rétira son agrément pour faits de dopage avérés.
Dans les « sixties » avec Jean-Paul, la France redécouvrait l'halterophilie. Il fut le premier Français en poids lourds à totaliser 500 kg aux 3 mouvements. C’est le 16 décembre 1962 qu’il améliora ses premiers records de France chez les lourds avec 129 kg à l’arraché et 164 kg à l’épaulé-jeté (les anciens appartenaient à Jean Debuf avec 128,5 et 163 kg), Ses records sont 180 kg au développé, 157,5 kg à l’arraché, 195 kg à l’épaulé-jeté. Il participera aux JO de Mexico en 1968 il sera non classé pour avoir manqué 190 kg à l’épaulé-jeté. A Munich en 1972 il terminera 14e avec 505 kg aux trois mouvements (arraché, développé et épaulé-jeté). Finalement loin du podium ou régnaient les athlètes de l’Est. Un podium teinté du "soufre du dopage". Son opinion à l’époque sur le doping est sans équivoque. En tant que medecin, il n'ignorait pas les substances qui circulaient dans le milieu. « Certains athlètes soviétiques se dopaient. Ils refusaient de se soumettre aux contrôles post-compétitions. » soulignait-il.
Ses faits d'armes restent une médaille de bronze aux championnats d'Europe 1969 et une autre médaille de bronze aux championnats du monde de1970.
Les anciens vénissians ont du le croiser lui l'ancien athlète capable de courir le 80 m en 9 secondes et de sauter 1m70 au saut en hauteur.
Entre la salle et le footing qu'il pratiquait il passait ainsi de 4 à 6 heures d'entraînements par semaine . Le rythme s’accroîtra pour passer à à 12h lors de son installation à Paris
Père de 5 enfants et de quatre petits-enfants ( Un des ses enfants est Igor Baloste, artiste plastique contemporain et musicien), il est médaillé de la ville de Lyon en 1963, distinction remise par le Maire de l’époque Louis Pradel.
Les dernières nouvelles que nous avons de Jean-Paul datent de 2009, il vivait toujours dans la région lyonnaise.
Photos : © INA